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Les déchets issus du tabac : une gestion difficile ayant un lourd impact sur l’environnement

Au-delà des conséquences majeures sur la santé des consommateurs et de ceux qui les entourent, la consommation de tabac pose également un problème environnemental majeur. En effet, plus de 4 500 milliards de mégots sont jetés dans la nature chaque année à travers le monde et près de 23.5 milliards uniquement en France. Or, les mégots sont classés comme « déchets dangereux » dans la même catégorie que les pesticides.

Les cigarettes sont nocives pour la planète car elles sont composées d’au moins 7000 produits chimiques, parmi lesquels figurent le mercure, l’arsenic, l’ammoniaque ou encore le plomb, mais aussi car le filtre est en plastique à usage unique, chose que peu de consommateurs connaissent. De plus, un mégot représente un déchet qui ne se dégrade jamais vraiment puisque les substances toxiques et les microplastiques qu’il contient se déversent dans la nature, dans les cours d’eau et finissent même dans les mers et océans.

La simple élimination de ces déchets est une vraie problématique, puisque les mégots sont considérés comme des ordures ménagères et sont donc incinérés. Or, cette incinération provoque une pollution massive, générant des émissions de gaz à effet de serre et un rejet dans l’atmosphère de polluants dangereux à un niveau dépassant le seuil imposé par l’Union Européenne. Finalement les résidus ne pouvant pas être brûlés et contenant toujours leurs substances toxiques, sont stockés dans des endroits non identifiés et ne sont jamais éliminés.

La législation est très précise sur cette gestion des mégots par les collectivités dans l’arrêté du 28 juillet 2021 : « selon le principe de responsabilité élargie des producteurs, la gestion des déchets issus du tabac (mégots) doit être assurée par les producteurs desdits produits. Pour remplir ces obligations, ces derniers doivent mettre en place soit un système individuel agréé, soit adhérer à un éco-organisme titulaire d’un agrément ». En France c’est l’organisme ALCOME qui a bénéficié en 2017 d’un contrat de l’état français pour mettre en œuvre cette gestion et qui a pour mission de récolter les mégots jetés au sol dans les collectivités territoriales, avec un soutien au coût de nettoiement et une distribution de cendriers de poche recyclables et réutilisables.

Ce lourd impact environnemental est aujourd’hui de plus en plus connu du grand public, accompagnant les campagnes de sensibilisation aux risques sanitaires qui se sont multipliées ces dernières années. Face à cette prise de conscience collective progressive, l’industrie du tabac a tenté de redorer son blason en donnant une image plus « verte » de l’industrie, mais ces efforts finissent par tomber dans du greenwashing. Les industriels du tabac, eux, utilisent leur simple adhésion à l’ALCOME pour se placer comme un acteur de la transition écologique, ces stratégies de communications étant encore efficaces aujourd’hui puisque 36% des français les voient comme des acteurs de cette transition.

De nombreuses entreprises revendiquent en plus leur capacité de recycler les mégots de cigarette ce qui est faux. Si certaines parties de la cigarette comme la cellulose, le papier ou le filtre plastique dans une certaine mesure, peuvent être recyclées, ce n’est pas le cas des composés chimiques.[6] L’INERIS a en effet annoncé en 2019 que les données n’étaient pas suffisantes pour affirmer que la dépollution ou la revalorisation des matières polluantes présentes dans les cigarettes étaient efficaces.[7] De plus, les parties pouvant être recyclées ne le sont pas à grande échelle, ce traitement demandant des moyens importants. Néanmoins en profitant de cette vague de réhabilitation, ces nouveaux acteurs économiques ont trouvé un marché intéressant.

Il est donc primordial aujourd’hui d’informer le grand public sur cet impact environnemental de l’industrie du tabac afin d’inciter les fabricants à revoir leurs pratiques. Cette sensibilisation pourrait également s’inscrire dans une démarche de réduction du tabagisme puisque « 2/3 des fumeurs affirment qu’une meilleure information sur l’impact environnemental du tabac les inciteraient à réfléchir à leur consommation. »

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